14. Victor le petit fantôme

 Les contes d’Halloween d’Ernestine Frousse

Bonjour à tous. Soyez les bienvenus dans ma boutique. Je suis Ernestine Frousse et dans ma librairie, vous trouverez des livres venus du monde entier.

J’ai, ici, un grimoire dans lequel je note des histoires étranges que m’a raconté mon amie Maud la magicienne. Elle connaît beaucoup de secrets et m’a autorisé à vous en dévoiler quelques unes… Je vous propose l'histoire de Victor le petit fantôme… 

Victor le petit fantôme :


Auteur : Muriel Jorry.
Conte protégé. 
Diffusion et reproduction interdites. 
Illustrations générées par IA.


L’Ecosse est un pays où, autrefois, les rois ont fait construire de nombreuses forteresses. C’est donc un endroit idéal pour vivre lorsque l’on est… un fantôme. Car c’est bien connu, les spectres aiment hanter les châteaux. C’est peut-être parce que c’est grand et donc pratique pour se déplacer dans les couloirs lorsqu’on a un long drap blanc sur le dos et quelquefois un boulet au pied. Mais c’est peut-être aussi parce que hanter les vieux châteaux c’est un métier qui s’exerce depuis la nuit des temps et que l’on ne change pas les habitudes facilement.

Notre histoire se passe il y a un peu plus d’un siècle dans le manoir de Lord et Lady Andrée. Victor, un petit fantôme d’à peine onze ans habitait là depuis toujours. Ses parents faisaient tout pour le rendre heureux et étaient fiers à l’idée qu’il hanterait les lieux lorsque viendrait l’heure de leur retraite. Dans la famille, on était « hanteur professionnel » de père en fils et de mère en fille depuis bien des générations. 

Seulement, au fond de lui, Victor rêvait d’autre chose. Par peur de faire de la peine à ses proches il n’osait rien dire mais il n’aimait pas faire peur, il avait horreur d’entendre les cris de frayeur des gens du château et il détestait déambuler dans la brume pour terrifier le voisinage… 

En revanche, il était fasciné par le ciel nocturne. Il aimait être au calme pour observer les étoiles, préférait compter les planètes plutôt que de compter ses pas dans les longs couloirs et par-dessus tout, il adorait contempler la lune. Souvent il se promenait sur le chemin de ronde du château et admirait le ciel du crépuscule jusqu’à l’aube. De temps à autre, le gentil vieux hibou qui habitait la forêt de chênes venait se percher en haut du donjon pour observer le ciel avec Victor. Même si l’animal était peu bavard, Victor se sentait en confiance et aimait à lui raconter ses joies et ses peines. Un soir, le sentant chagriné, le hibou demanda :

- Ça ne na pas ?

- Non pas trop… Je n’ose pas dire à mes parents que je veux devenir astronome.

- Astro quoi ? Répliqua le vieux hibou qui n’entendait plus très bien.

- As-tro-nome, c’est la personne qui étudie le ciel pour pouvoir ensuite dessiner des cartes avec les planètes, les étoiles et les galaxies.

- Oui, je sais ce que c’est ! Répondit le hibou. Et tu n’apprends pas ça à l’école ?

- Oh non ! En classe, j’apprends à hanter les grandes demeures mais ça ne me plaît pas du tout.

- Eh bien, parles-en vite à tes parents car, comme je le dis toujours, quand on a un rêve, il faut tout faire pour le réaliser !

Aussitôt, Victor rassembla tout son courage pour exprimer son souhait de devenir un grand savant. Même s’il s’attendait à un refus, il défendit son opinion avec sincérité. À sa grande surprise, son papa lui répondit :

- Nous aurions préféré te voir hanter le château comme nous mais si ça ne te plaît pas, il ne faut pas te forcer. En revanche, devenir astronome, c’est difficile et il va falloir te trouver un bon professeur.

Dès le lendemain, Victor et ses parents demandèrent au maître d’école s’il connaissait un professeur d’astronomie. Il avait entendu parler d’un certain Monsieur Merlin en Bretagne qui avait la réputation d’être un très grand astronome, magicien de surcroit.

- Mais comment le trouver ? Demanda Victor.

- C’est bien là le problème. Répondit le maître. Je crois qu’il habite la forêt de Brocéliande mais c’est vaste et je n’ai aucune idée de la façon dont on peut le trouver.

Déçu, le petit fantôme glissa jusque sur les remparts du château. Le vieux hibou qui venait juste de se réveiller et qui baillait encore le rejoignit bientôt. 

- Bonsoir Victor.

- Bonsoir Hibou. J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Papa et maman sont d’accord pour que j’apprenne l’astronomie, mais nous ne savons pas où trouver le professeur que l’on nous a conseillé.

- C’est ennuyeux. Répondit le hibou. Il se mit à réfléchir.

- Comment s’appelle t-il ? Je le connais peut-être ?

- Il s’appelle Monsieur Merlin.

- Ohhhh, Monsieur Merlin, je sais qui c’est.

- Mais, comment pourrais-tu connaître ce magicien qui vit si loin ?

- J’ai beaucoup voyagé lorsque j’étais jeune et je me souviens très bien avoir rencontré ce mage dont tu parles. Ça doit être un vieux bonhomme aujourd’hui… pas moins de 180 ans. Il avait un accoutrement bizarre avec un chapeau pointu. J’ai mémoire qu’il fabriquait des potions et que ses mélanges étaient parfois maladroits car j’ai assisté à plusieurs explosions ! Dit-il en riant.

Victor plissa les yeux. Il doutait des dires de l’oiseau. Peut-être se trompait-il, après tout il était âgé et un peu lent.

- Je vois bien que tu ne me crois pas. Dit le hibou. Je te prouverai que je ne raconte pas de sornettes. Retrouve-moi demain à minuit dans le donjon. Je te présenterai Monsieur Merlin.

Le lendemain, à l’heure dite, Victor poussa la porte de la plus haute salle du château mais ne vit que le vieux hibou perché sur une poutre vermoulue. C’est alors que l’oiseau déploya ses grandes ailes et s’envola en piquant droit vers le sol. Il toucha terre dans un épais nuage de poussière. Victor ferma les yeux un instant, toussa et découvrit ébahi que le hibou s’était transformé en vieil homme à la longue barbe blanche vêtu d’un manteau bleu sombre et d’un chapeau pointu.

- Monsieur Merlin ? Balbutia-t-il.

- Oui, c’est moi. Répondit-il le plus naturellement du monde. Grâce à la magie, je me transforme comme bon me semble. Si j’ai choisi de me changer en hibou c’est parce qu’avec mes grands yeux je vois parfaitement le ciel la nuit. C’est très pratique pour étudier les étoiles. Je suis venu en Ecosse pour être tranquille car là où je vivais, les hommes chassaient les hiboux.

Victor, surpris mais ravi de cette fabuleuse rencontre, demanda à Monsieur Merlin de bien vouloir devenir son professeur. Ce dernier accepta avec grand plaisir, très heureux à l’idée de transmettre son savoir. Bientôt le jeune fantôme apprenti astronome  savait tout des planètes, de la lune et de ses cratères, du système solaire, des étoiles, des constellations et des galaxies.

Grâce à cet incroyable professeur, Victor devint le premier fantôme astronome de l’histoire. Et qui sait, peut-être ira-t-il sur la lune un jour ?

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