Conte protégé.
Chaque année, quelques
semaines avant Noël, le Père Noël fait le tour du monde en traineau afin de
mettre à jour sa carte du ciel. Accompagné de son fidèle Rudolph, le renne au
nez rouge, il tourne et vire au-dessus des boulevards, des avenues et des rues
des grandes villes avant d’aller dans les petits villages. Il y a quelques
années de cela, la neige tombait abondamment et il s’est égaré dans une ruelle
et s’est retrouvé bloqué dans une impasse.
- Ah
flûte ! s’écria le Père Noël .On s’est trompé ! On va
s’arrêter pour remettre à jour le plan de vol.
Pour pouvoir modifier
tranquillement sa carte, le Père Noël demanda à Rudolph de faire atterrir le
traineau sans bruit sur le toit le plus proche. C’était un grand bâtiment, une
sorte d’étable ou de refuge pour animaux. Il descendit, posa bon bonnet, prit
son stylo à plume et commença à tracer un nouvel itinéraire. Très concentré sur
son travail il ne vit pas qu’une petite chose blanche s’était cachée dans la
fourrure de son bonnet. Une fois sa tâche achevée il remit son couvre-chef et
remonta dans son bolide.
- Oh, je dois être
fatigué, dit-il à Rudolph. Je trouve mon bonnet bien lourd tout d’un coup. Bien,
le jour commence à se lever, il est temps de rentrer à la maison.
Sans se poser davantage
de questions, il tira un léger coup sec sur le harnais de Rudolph qui reprit
son vol avec autant de légèreté qu’une plume.
Alors que l’aube
commençait tout juste à poindre, ils arrivèrent dans leur charmant et
mystérieux village du Pôle Nord où vivent tant de personnages fabuleux : la
fée de l’hiver, plusieurs équipes de lutins, des Korrigans, des animaux
extraordinaires tels que Céleste la licorne et Karl le dragon blanc. Sans
oublier des personnes aux dons fantastiques comme Nicolas, le Grand Père Gel,
le Maître du Temps, et Nora Noël, la tendre épouse du Père Noël et grande
spécialiste des potions magiques.
Arrivé dans sa maison
recouverte d’une épaisse couche de neige glacée, le Père Noël embrassa Nora,
qui venait juste de se réveiller. Il ôta son manteau et son bonnet qu’il lui
confia. C’est alors qu’elle poussa un cri de surprise.
- Ah ! Mais qu’est
ce que c’est que cette boule de poils ?
Interloqués, ils
découvrirent qu’un adorable chaton blanc s’était endormi dans les replis du
bonnet. Il était si petit et si touffu qu’on le confondait avec la
fourrure.
- Oh ! D’où
viens-tu toi ? dit le Père Noël. Tu n’habites pas ici que je sache.
Quelque chose brillait
à son cou. C’était un collier auquel était accrochée une médaille. Le Père Noël
la souleva pour lire à haute voix :
- Adoptez-moi. Je me
prénomme Flocon et je viens du refuge St Bernard. Mais ! C’est sur le toit
de ce refuge que nous étions posés tout à l’heure !
Puis il s’adressa à
Flocon : On dirait que tu cherches une famille. En attendant de te trouver
un foyer accueillant et douillet, tu peux rester ici si tu veux et sois le
bienvenu.
Pour toute réponse, le
chaton miaula, bailla et s’étira. Semblant se trouver à son aise, il alla se
rouler en boule près du feu de cheminée et se rendormi.
Au
même instant, à l’autre bout du village, un jeune garçon de 7 ans se réveillait
en bougonnant.
Barnabé
et ses parents, Monsieur et Madame Fouettard, vivaient dans une maison, peu
accueillante et mal entretenue construite à l’écart des autres demeures. Il n’y
avait aucune décoration pour les fêtes et aucun sapin ne venait illuminer la
façade. Seules des plantes carnivores ornaient l’allée extérieure.
Cette
famille, un peu spéciale, était connue pour être peu agréable avec une tendance
à jouer de vilains tours. Les habitants du village, ne s’y trompant pas, évitaient,
autant que possible, de passer dans leur rue.
Barnabé, était un
enfant capricieux, un brin menteur, n’hésitant pas à tricher au besoin et à copier
sur ses voisins de classe. Le matin, il ne voulait jamais se lever et arrivait
systématiquement en retard à l’école. Le soir, il ne voulait jamais aller au
lit et rentrait dans des colères interminables.
Ce matin là, il finit tout de même par se lever et avala son petit déjeuner comme un goinfre en laissant des miettes partout sur la table. En sortant de la maison, il vit un ballon qu’une petite fille lutin avait fait tomber à l’entrée sur les gravillons recouverts de neige. Il se précipita pour le crever en sautant dessus de toutes ses forces puis il se dirigea vers l’école.
Flocon, après avoir
fait une courte sieste, une grande toilette et un repas copieux décida de
sortir de la maison du Père Noël pour visiter le village. Il fit quelques pas
dans la douce neige fraîche puis grimpa dans un immense sapin. A cette hauteur,
la vue était magnifique et imprenable. Quelques rayons de soleil faisaient
briller son pelage et lui réchauffaient le dos. Il observa les allées et venues
des habitants, écouta les conversations et huma les dizaines de délicieux
parfums qui lui chatouillaient les narines… pain d’épices, fumée de cheminée,
foin des étables… Bien occupé par toutes ces découvertes, il tendit l’oreille
et releva brusquement la tête ! Il aperçut alors un jeune garçon mal
fagoté, traînant les pieds en râlant se diriger vers l’école. Intrigué, il se
mit à le suivre discrètement… Il ne lui fallut pas longtemps pour se rendre
compte du sale caractère de ce gamin. Le gentil et futé chaton pensa alors
qu’une bonne leçon pourrait bien être nécessaire…
Le lendemain, Flocon,
sans se faire remarquer, ne quitta pas Barnabé d’une semelle. Tout commença
lorsqu’il entra dans la boulangerie. Sans même dire bonjour, Barnabé exigea une
baguette bien cuite et pendant que la boulangère avait le dos tourné pour le
servir, il plongea la main dans un énorme bocal de friandises pour les chiper.
- Aïe ! Cria-t-il.
Quelque chose au fond
du bocal l’avait griffé ! Tout penaud, il sortit de la boutique sans même
prendre son pain.
Arrivé à l’école, avec
beaucoup de retard comme à son habitude, il bouscula les autres élèves avant de
s’asseoir à sa place puis il commença à copier sur son voisin sans aucun
scrupule. Au moment où il avait la tête tournée pour mieux épier, une agile
petite patte blanche cachée dans le tiroir du bureau renversa un encrier sur sa
feuille. L’encre étalée sur le cahier rendit le devoir illisible ce qui lui
valut un zéro !
En sortant de classe,
Barnabé passa récupérer un livre chez Mme Frousse, la libraire. Dès que la
vieille dame s’enfonça dans l’arrière boutique, il attrapa le premier bouquin
venu pour en déchirer les pages. Mais avant qu’il ait eu le temps d’en abîmer
une seule, un énorme livre, très lourd, lui tomba sur la tête en l’assommant à
moitié !
Décontenancé, il rentra
chez lui extrêmement contrarié. Le lendemain, tout recommença de la même façon et
le jour suivant et celui d’après… Barnabé se posait beaucoup de questions…
Fatigué, il se mit à faire de sérieux efforts pour faire moins de bêtises. Au
bout d’une semaine, lorsqu’il se décida à devenir enfin un peu plus raisonnable,
Flocon montra le bout de son nez et le suivit jusqu’à sa maison.
C’était la première
fois que Barnabé voyait un petit animal aussi adorable et tomba sous son charme
immédiatement. D’ailleurs, il ne fut pas le seul, car, et aussi incroyable que
cela puisse paraître, Monsieur et Madame Fouettard eurent la même joie en
accueillant ce chaton au pelage soyeux couleur de neige.
Rapidement, Flocon
s’installa dans la maison même si celle-ci était moins jolie et confortable que
celle du Père et de la Mère Noël. Il demanda bientôt des câlins et ronronna
aussi fort qu’un moteur de déneigeuse. En quelques jours seulement, il avait
réussi à attendrir le cœur de toute la famille qui l’adopta avec la plus grande
joie.
Si la famille Fouettard
est encore un peu désagréable, il est évident que, grâce à Flocon, de grands
changements s’opèrent et que de sincères efforts sont fournis pour gagner en
sympathie. La maison est devenue plus calme, une guirlande lumineuse vient
désormais illuminer la façade. Un sapin a même été installé à l’intérieur.
Seules les fines toiles de soie blanche des araignées lui donnent un air de
fête mais c’est un bon début.
Barnabé et ses parents commencent
à recevoir quelques visites et ont la gentillesse de proposer du thé. Certes,
leur thé aux plantes carnivores pique un peu mais le geste de l’offrir est déjà
merveilleux !
Depuis l’adoption de
Flocon, Barnabé fait moins de bêtises et quasiment plus de caprices. Le chaton veille
à ce que son ami soit toujours le plus gentil possible et n’hésite pas à donner
un coup de griffes quand cela est nécessaire.
Le Père Noël, heureux
de constater que Flocon vit dans un foyer aimant, a maintenant de bonnes
raisons de récompenser Barnabé. S’il n’est pas officiellement inscrit sur la
liste des enfants sages, nul doute que cela arrivera tôt ou tard.
Le soir, Barnabé, ne rechigne
plus pour aller dormir car il sait que de doux ronronnements vont le bercer et
accompagner une nuit sereine. Désormais, Flocon veille sur le sommeil du petit
garçon.
Maintenant, à vous de chanter...
Chanson
Américaine de 1967 par Roger Miller. Paroles françaises de 1968 par Graeme Allwright.
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