05. Flocon et Barnabé



Auteur : Muriel Jorry.
Conte protégé. 
Diffusion et reproduction interdites. 
Illustrations générées par IA.


Chaque année, quelques semaines avant Noël, le Père Noël fait le tour du monde en traineau afin de mettre à jour sa carte du ciel. Accompagné de son fidèle Rudolph, le renne au nez rouge, il tourne et vire au-dessus des boulevards, des avenues et des rues des grandes villes avant d’aller dans les petits villages. Il y a quelques années de cela, la neige tombait abondamment et il s’est égaré dans une ruelle et s’est retrouvé bloqué dans une impasse.

- Ah flûte ! s’écria le Père Noël .On s’est trompé ! On va s’arrêter pour remettre à jour le plan de vol.

Pour pouvoir modifier tranquillement sa carte, le Père Noël demanda à Rudolph de faire atterrir le traineau sans bruit sur le toit le plus proche. C’était un grand bâtiment, une sorte d’étable ou de refuge pour animaux. Il descendit, posa bon bonnet, prit son stylo à plume et commença à tracer un nouvel itinéraire. Très concentré sur son travail il ne vit pas qu’une petite chose blanche s’était cachée dans la fourrure de son bonnet. Une fois sa tâche achevée il remit son couvre-chef et remonta dans son bolide.

- Oh, je dois être fatigué, dit-il à Rudolph. Je trouve mon bonnet bien lourd tout d’un coup. Bien, le jour commence à se lever, il est temps de rentrer à la maison.

Sans se poser davantage de questions, il tira un léger coup sec sur le harnais de Rudolph qui reprit son vol avec autant de légèreté qu’une plume.

Alors que l’aube commençait tout juste à poindre, ils arrivèrent dans leur charmant et mystérieux village du Pôle Nord où vivent tant de personnages fabuleux : la fée de l’hiver, plusieurs équipes de lutins, des Korrigans, des animaux extraordinaires tels que Céleste la licorne et Karl le dragon blanc. Sans oublier des personnes aux dons fantastiques comme Nicolas, le Grand Père Gel, le Maître du Temps, et Nora Noël, la tendre épouse du Père Noël et grande spécialiste des potions magiques.

Arrivé dans sa maison recouverte d’une épaisse couche de neige glacée, le Père Noël embrassa Nora, qui venait juste de se réveiller. Il ôta son manteau et son bonnet qu’il lui confia. C’est alors qu’elle poussa un cri de surprise.

- Ah ! Mais qu’est ce que c’est que cette boule de poils ?

Interloqués, ils découvrirent qu’un adorable chaton blanc s’était endormi dans les replis du bonnet. Il était si petit et si touffu qu’on le confondait avec la fourrure. 

- Oh ! D’où viens-tu toi ? dit le Père Noël. Tu n’habites pas ici que je sache.

Quelque chose brillait à son cou. C’était un collier auquel était accrochée une médaille. Le Père Noël la souleva pour lire à haute voix :

- Adoptez-moi. Je me prénomme Flocon et je viens du refuge St Bernard. Mais ! C’est sur le toit de ce refuge que nous étions posés tout à l’heure ! 

Puis il s’adressa à Flocon : On dirait que tu cherches une famille. En attendant de te trouver un foyer accueillant et douillet, tu peux rester ici si tu veux et sois le bienvenu.

Pour toute réponse, le chaton miaula, bailla et s’étira. Semblant se trouver à son aise, il alla se rouler en boule près du feu de cheminée et se rendormi.

Au même instant, à l’autre bout du village, un jeune garçon de 7 ans se réveillait en bougonnant.

Barnabé et ses parents, Monsieur et Madame Fouettard, vivaient dans une maison, peu accueillante et mal entretenue construite à l’écart des autres demeures. Il n’y avait aucune décoration pour les fêtes et aucun sapin ne venait illuminer la façade. Seules des plantes carnivores ornaient l’allée extérieure.

Cette famille, un peu spéciale, était connue pour être peu agréable avec une tendance à jouer de vilains tours. Les habitants du village, ne s’y trompant pas, évitaient, autant que possible, de passer dans leur rue.

Barnabé, était un enfant capricieux, un brin menteur, n’hésitant pas à tricher au besoin et à copier sur ses voisins de classe. Le matin, il ne voulait jamais se lever et arrivait systématiquement en retard à l’école. Le soir, il ne voulait jamais aller au lit et rentrait dans des colères interminables.

Ce matin là, il finit tout de même par se lever et avala son petit déjeuner comme un goinfre en laissant des miettes partout sur la table. En sortant de la maison, il vit un ballon qu’une petite fille lutin avait fait tomber à l’entrée sur les gravillons recouverts de neige. Il se précipita pour le crever en sautant dessus de toutes ses forces puis il se dirigea vers l’école.

Flocon, après avoir fait une courte sieste, une grande toilette et un repas copieux décida de sortir de la maison du Père Noël pour visiter le village. Il fit quelques pas dans la douce neige fraîche puis grimpa dans un immense sapin. A cette hauteur, la vue était magnifique et imprenable. Quelques rayons de soleil faisaient briller son pelage et lui réchauffaient le dos. Il observa les allées et venues des habitants, écouta les conversations et huma les dizaines de délicieux parfums qui lui chatouillaient les narines… pain d’épices, fumée de cheminée, foin des étables… Bien occupé par toutes ces découvertes, il tendit l’oreille et releva brusquement la tête ! Il aperçut alors un jeune garçon mal fagoté, traînant les pieds en râlant se diriger vers l’école. Intrigué, il se mit à le suivre discrètement… Il ne lui fallut pas longtemps pour se rendre compte du sale caractère de ce gamin. Le gentil et futé chaton pensa alors qu’une bonne leçon pourrait bien être nécessaire…

Le lendemain, Flocon, sans se faire remarquer, ne quitta pas Barnabé d’une semelle. Tout commença lorsqu’il entra dans la boulangerie. Sans même dire bonjour, Barnabé exigea une baguette bien cuite et pendant que la boulangère avait le dos tourné pour le servir, il plongea la main dans un énorme bocal de friandises pour les chiper.

- Aïe ! Cria-t-il.

Quelque chose au fond du bocal l’avait griffé ! Tout penaud, il sortit de la boutique sans même prendre son pain.

Arrivé à l’école, avec beaucoup de retard comme à son habitude, il bouscula les autres élèves avant de s’asseoir à sa place puis il commença à copier sur son voisin sans aucun scrupule. Au moment où il avait la tête tournée pour mieux épier, une agile petite patte blanche cachée dans le tiroir du bureau renversa un encrier sur sa feuille. L’encre étalée sur le cahier rendit le devoir illisible ce qui lui valut un zéro !

En sortant de classe, Barnabé passa récupérer un livre chez Mme Frousse, la libraire. Dès que la vieille dame s’enfonça dans l’arrière boutique, il attrapa le premier bouquin venu pour en déchirer les pages. Mais avant qu’il ait eu le temps d’en abîmer une seule, un énorme livre, très lourd, lui tomba sur la tête en l’assommant à moitié !

Décontenancé, il rentra chez lui extrêmement contrarié. Le lendemain, tout recommença de la même façon et le jour suivant et celui d’après… Barnabé se posait beaucoup de questions… Fatigué, il se mit à faire de sérieux efforts pour faire moins de bêtises. Au bout d’une semaine, lorsqu’il se décida à devenir enfin un peu plus raisonnable, Flocon montra le bout de son nez et le suivit jusqu’à sa maison.

C’était la première fois que Barnabé voyait un petit animal aussi adorable et tomba sous son charme immédiatement. D’ailleurs, il ne fut pas le seul, car, et aussi incroyable que cela puisse paraître, Monsieur et Madame Fouettard eurent la même joie en accueillant ce chaton au pelage soyeux couleur de neige.

Rapidement, Flocon s’installa dans la maison même si celle-ci était moins jolie et confortable que celle du Père et de la Mère Noël. Il demanda bientôt des câlins et ronronna aussi fort qu’un moteur de déneigeuse. En quelques jours seulement, il avait réussi à attendrir le cœur de toute la famille qui l’adopta avec la plus grande joie.

Si la famille Fouettard est encore un peu désagréable, il est évident que, grâce à Flocon, de grands changements s’opèrent et que de sincères efforts sont fournis pour gagner en sympathie. La maison est devenue plus calme, une guirlande lumineuse vient désormais illuminer la façade. Un sapin a même été installé à l’intérieur. Seules les fines toiles de soie blanche des araignées lui donnent un air de fête mais c’est un bon début.

Barnabé et ses parents commencent à recevoir quelques visites et ont la gentillesse de proposer du thé. Certes, leur thé aux plantes carnivores pique un peu mais le geste de l’offrir est déjà merveilleux !

Depuis l’adoption de Flocon, Barnabé fait moins de bêtises et quasiment plus de caprices. Le chaton veille à ce que son ami soit toujours le plus gentil possible et n’hésite pas à donner un coup de griffes quand cela est nécessaire.

Le Père Noël, heureux de constater que Flocon vit dans un foyer aimant, a maintenant de bonnes raisons de récompenser Barnabé. S’il n’est pas officiellement inscrit sur la liste des enfants sages, nul doute que cela arrivera tôt ou tard.

Le soir, Barnabé, ne rechigne plus pour aller dormir car il sait que de doux ronronnements vont le bercer et accompagner une nuit sereine. Désormais, Flocon veille sur le sommeil du petit garçon.


Maintenant, à vous de chanter...

Chanson Américaine de 1967 par Roger Miller. Paroles françaises de 1968 par Graeme Allwright.




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